Il connaît Homère et Shakespeare par coeur, il écrit et enseigne en quatre langues. A 78 ans, George Steiner, l'un des derniers humanistes européens, ébauche, sous la forme de courts essais, quelques-uns des livres qu'il n'a pas écrits.

S'il regrette de n'avoir pas été un "créateur", le philosophe George Steiner n'en guide pas moins nos réflexions sur le monde et la littérature depuis plus de quarante ans.

"Je suis une sorte de survivant", indiquait Steiner dans un de ses premiers essais . Eternel émigré, collectionneur de passeports issu de l'Europe perdue de Bchner, de Goethe et de Freud, chu précocement dans la tour de Babel, George Steiner a fait sien ce mot de Brantôme : "Autant de langues que l'homme sait parler, autant de fois est-il homme".

Né en 1929, George Steiner vient de prendre sa retraite de professeur de littérature comparée à Cambridge. Mais il continue à donner des conférences dans le monde entier et, bien sur, à écrire.

Comment l'Europe a-t-elle pu être un tel creuset de culture et le théâtre de la pire barbarie ? Hanté par cette énigme, Steiner y répond par une érudition virevoltante, en « homme de l'air ».