De la correspondance entre Mesens et Tzara publiée par Didier Devillez, on retiendra entre autres l’évocation de l’opposition entre le second et Breton (" Les méchancetés qu’il écrivit à ton égard ne peuvent nuire qu’à lui-même tant elles rendent la jalousie stupide "), de la pièce de Tzara Mouchoir de nuages (Mesens en fait imprimer le texte à un nombre limité d’exemplaires hors commerce, à usage privé, " car, écrit l’auteur, je suis lié par contrat avec un éditeur d’ici qui doit faire paraître ma chose au mois de mars 1925 ". (…), des anecdotes (Mesens : " J’en suis à mon septième whisky. C’est très joli la prohibition de l’alcool ! On en parle "), mais surtout la genèse d’Œsophage, dont l’ancêtre fut Période, projet dynamité par Nougé. (…) Laissons le mot de la fin à Stéphane Massonet, à propos de Dada terminus : " Ainsi, cette correspondance lève-t-elle le voile sur la genèse tardive du dadaïsme en Belgique et son passage vers le surréalisme. " (Alain Debaisieux, le Mensuel, février 1998)

«Voici la correspondance échangée entre les trois principaux meneurs de Dada à Paris. Nous sommes au c'ur de l'organisation de la révolution. Par chance, chacun ayant la manie de la conservation, nous avons eu accès à quasiment toutes leurs lettres. Ils utilisent peu le téléphone, et ne se voient qu'au moment du coup d'éclat. Quelles sont leurs motivations' Comment s'impliquent-ils' Comment voient-ils leur coup d'État' Quelle stratégie envisagent-ils' Paradoxalement, on ne lira pas le journal à plusieurs voix d'artistes révolutionnaires, mais plutôt un échange étrangement sentimental, ponctué par des accusations, des séparations suivies, à plus ou moins long terme, de rabibochages. Ces lettres sont rien moins que dadaïstes. Chacun use d'une langue très policée, selon les conventions de l'époque. Comment feront-ils donc pour tuer l'art' Par le spectacle, par l'action publique.-