Les rêve-t-il ou sont-ils réels ces lapins qui apparaissent devant les yeux presque hallucinés du glacier ambulant ? La nuit est tombée et, dans l'espace éclairé par les phares de la camionnette, des dizaines, des centaines de lapins giclent de tous côtés, fantômes peut-être de celui qu'il n'a pu éviter sur la route, les traces de freinage en font foi. Couché au milieu du chemin, il ouvre les yeux dans le plein jour revenu, et perplexe, on le serait à moins, le voilà reprenant vaillamment sa route tandis que, blottis dans les fourrés, les lapins narquois dégustent un cornet de glace. Cet album sans texte est jubilatoire par sa construction digne d'un minidrame (c'est d'ailleurs son sous-titre), les cadrages très cinématographiques, la force expressive de l'illustration, la chute qui surprend comme une bonne blague.