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Bernard Heidsieck

le grand oral
Numéros de page :
3 p. / p. 74-76
Dans le cadre de sa programmation consacrée à la question de l'oralité, le Centre national d'art contemporain de la Villa Arson, à Nice, présente jusqu'au 22 mai 2011, parallèlement à l'Encyclopédie de la parole (un projet collectif qui appréhende la diversité des formes orales), une exposition sur l'oeuvre poétique de Bernard Heidsieck. L'inventeur de la poésie action a, en un demi-siècle, une centaine de pièces sonores et plus de 540 lectures publiques, diffusé avec énergie et conviction une conception radicalement nouvelle et plutôt politique de la poésie. Portée par la voix, affranchie du support matériel, la lecture du ″poème-partition″ s'accomplit en présence, devient une action et garantit ainsi sa persistance par association à l'événement, au-delà d'une vaine résistance par le livre. Dans cette exposition, particulièrement originale puisqu'elle présente des enregistrements sonores, le visiteur - qui est par conséquent auditeur - n'est désormais en présence que de la voix enregistrée. Il circule d'une salle à l'autre, s'assied sur un siège en mousse et écoute. Il lui faut tendre l'oreille : ″La poésie écrite n'a plus lieu d'être″ entend-on dans ″Couper n'est pas jouer″, une biopsie de 1968. Dans l'entretien qui suit, Bernard Heidsieck explique comment s'est déroulée la collaboration avec Eric Mangion, directeur de la Villa Arson, pour la préparation de l'exposition. Il répond aussi à une question cruciale, celle de la pérennité d'une poésie action, ce qui n'est pas sans poser quelques problèmes de méthode.