Comprendre le vote pour le Brexit, de l’utilité d’une analyse territoriale
Bulletin : Hérodote 164 - janvier 2017
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pp.43-64
Le vote pour le leave au référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne (UE) est souvent décrit comme l’expression d’une révolte de classes populaires qui se sentent déclassées et délaissées par les forces politiques traditionnelles, une réaction anti-immigration dans un contexte de crise migratoire dans une Europe de la libre circulation, le rejet d’une UE trop technocratique et trop coûteuse pour le budget britannique, et l’affirmation d’un Royaume-Uni qui se perçoit encore comme une puissance de classe mondiale. Certes, ces éléments sont les motivations premières des électeurs du leave. Toutefois, pour comprendre les fondements et les origines de ce vote, il apparaît nécessaire de le contextualiser dans une approche territoriale, à une échelle nationale mais aussi à un niveau local, et dans les évolutions électorales récentes du pays et de quelques territoires locaux significatifs. En effet, le vote leave est certes l’expression d’un euroscepticisme britannique ancien et ancré, mais aussi la conséquence de certains ressentiments identitaires, d’une colère sociale et de certaines problématiques locales. L’analyse locale du vote est ainsi essentielle pour en comprendre les fondements, comme le montrent les exemples de ces espaces conflictuels à l’ouest de Londres, de Clacton ou de Boston.