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Du "British Exit" à l'"American Brexit", les perspectives incertaines d'une défense européenne autonome

Numéros de page :
pp.179-198
Le 23 juin 2016, le vote du « Brexit » (British Exit) a provoqué un choc. Selon certaines analyses, le départ des Britanniques ouvrirait la possibilité de nouvelles avancées sur le plan de la Politique de sécurité et de défense commune de l’UE (PSDC). Un « noyau dur » d’États regroupés autour de Paris et Berlin pourrait instituer une Europe politique et militaire. La thèse suscite le doute. L’opposition de longue date du Royaume-Uni à une défense européenne susceptible de concurrencer l’Otan ne doit pas dissimuler les contradictions entre les autres États membres. À bien des égards, l’atlantisme demeure le point de référence. Certes, les incertitudes ouvertes par l’élection de Donald Trump (un American Brexit ?) incitent à un plus grand effort militaire commun, mais le projet de défense européenne bute sur une vérité mise en évidence par la théorie des biens publics : sans acteur hégémonique, un but collectif ne débouche pas toujours sur une action collective. Dans l’immédiat, l’objectif est donc de développer une Europe des capacités militaires plutôt qu’une défense européenne. Cela permettrait aussi de renforcer le pouvoir de négociation des alliés européens dans la relation transatlantique.