A partir d'une ethnographie de cinq années au sein d'une association de prévention contre le suicide et de l'élude d'un corpus de plusieurs milliers de correspondances avec des personnes en situation de détresse, cet article tente de dégager la manière dont les individus ordinaires exposent leurs souffrances singulières. Plus précisément, il s'agit de décrire les rationalités techniques et sémiotiques qui organisent leurs manières de se raconter. Après avoir qualifié de manière générale ces récits, sont dégagées les fonctions sociales de ce type de dispositif de communication pour enfin appréhender les principaux fondamentaux qui commandent l'énonciation "à distance" et "par écrit" d'une existence ressentie comme mutilée.