Aller au contenu principal

Proche-Orient

Numéros de page :
20 p. / p. 9-28
La géopolitique a depuis longtemps rompu avec ses anciennes définitions, entachées à tout le moins de mauvaise réputation. N'étant plus une discipline au service des ambitions territoriales de certains Etats, elle se fixe seulement d'analyser les rivalités de pouvoir sur les territoires, entretenues par des représentations antagonistes qui s'alimentent à plusieurs sources. Selon cette définition lacostienne, l'agriculture est bien une question géopolitique en ce sens que cette activité, très liée au territoire, est traversée par des rivalités d'acteurs à différentes échelles et qu'elle peut se retrouver mêlée à des ambitions de puissance et des desseins géostratégiques. Il est clair que l'agriculture endosse plusieurs fonctions géopolitiques : la fonction nourricière qui a à voir avec les questions de sécurité et d'indépendance, la fonction spatiale qui est un réel atout quand il s'agit de couvrir des espaces disputés, la fonction homgénétique qui signifie que l'agriculture et ses ressources sont parfois au coeur des dessins de frontières ou des revendications territoriales, la fonction politique qui traduit la prégnance de la question foncière dans les séquences politiques de moult Etats, la fonction identitaire car l'agriculture et la « paysannerie » sont un vecteur d'identité politique, et la fonction hydropolitique qui tient au fait que l'irrigation est un déterminant des « guerres de l'eau ». Eu égard à son degré de conflictualité, le Proche-Orient est exemplaire de cette géopolitique.