Les Relations ambivalentes entre l'Etat-parti vietnamien et les Vietnamiens de l'étranger
Bulletin : Hérodote 157 - avril 2015
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15 p. / p. 97-111
Replacés au coeur d'enjeux économiques et géopolitiques majeurs depuis le tournant du Doi Moi, les 4 millions de Viêt kiêu (Vietnamiens de l'étranger) sont de plus en plus courtisés par le Parti communiste vietnamien, y compris les « traîtres » d'hier, liés à l'ancien régime de Saigon. Le temps, mais aussi et surtout les exigences du développement économique et du bien-être ont favorisé l'apaisement des mémoires et le rapprochement entre les anciens adversaires, que la résurgence des tensions entre le Viêt Nam et la Chine semble, au moins en apparence, achever de cimenter. Toutes les ambiguïtés, en réalité, ne sont pas dissipées. La commune perception d'une menace chinoise alimente, certes, un nationalisme transnational porté à transcender les vieux clivages issus des guerres du XXe siècle. Mais, sous l'effet d'une active et ingénieuse cyberdissidence, elle réactive aussi la critique de l'Etat-parti, jugé corrompu et trop faible vis-à-vis de la Chine. Victime de ses propres divisions mais soucieux de préserver avant tout la stabilité du pays, l'Etat-parti oscille entre le développement de son arsenal répressif et l'approfondissement continu de ses liens avec les Viêt kiêu.