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Conflit et représentations du conflit au Pays basque

Numéros de page :
23 p. / p. 16-38
Le 20 octobre 2011, ETA annonçait la suspension de la lutte armée après des années de tractations au sein du Mouvement de libération nationale basque (MLNV) où une forte rivalité opposait les tenants de l'usage du meurtre pour devenir indépendants et ceux qui voyaient dans le bulletin de vote une arme plus efficace. Aujourd'hui l'ETA poursuit sa communication médiatique sur la gestion d'une situation de transition qualifiée de « postconflit » par une « commission internationale de vérification » composée d'étrangers prestigieux, censée mettre en oeuvre des interventions selon un phasage modélisé : négociations secrètes, conférence de paix, désarmement, comme si le Pays basque sortait d'une guerre. Pourquoi les terroristes basques ont-ils besoin de se conformer à ce modèle international de sortie de conflit, alors qu'il n'y a pas de régions dévastées, pas de réfugiés, pas de normalisation institutionnelle ni de state-building à mettre en oeuvre ? De fait, deux représentations s'opposent sur l'interprétation des actions passées de l'ETA : d'un côté, les nationalistes basques essaient d'imposer un récit du conflit qui légitime le terrorisme au nom de la liberté du peuple basque contre un régime oppresseur, de l'autre, des groupes politiques ou civils luttent pour que l'ETA entre dans l'histoire comme une organisation totalitaire et terroriste défaite par une société démocratique.