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Projets, arrangements et controverses sur la ligne de démarcation à Beyrouth

Auteurs
Numéros de page :
19 p. / p. 93-111
Les lignes de démarcation maintiennent une place structurante dans les représentations et donc la pratique et les stratégies des acteurs de villes postconflit. Dans cet article, à la lumière de plusieurs années d'observations in situ, nous proposons une analyse de projets urbains envisagés ou implantés depuis la guerre sur cette ligne. Nous y prêtons attention aux arrangements et controverses entre acteurs des différents projets. Cette lecture à partir de l'action nous a permis de remettre en question la conception monolithique de la ligne de démarcation comme espace « miroitant » la polarisation communautaire. Le panorama des projets, arrangements et controverses invite à être sensible aux temporalités et aux cadres de gouvernance existants pour saisir des dynamiques de territorialisation en construction à l'échelle métropolitaine. Les arrangements localisés autour d'éléments physiques et cognitifs semblent porter souvent leurs fruits. Reste qu'ils peuvent être assez fragiles et instables dans un contexte connaissant d'importants changements dynamiques comme celui de la reconstruction. Le communautarisme n'est qu'un levier parmi d'autres, mobilisé parfois par certains acteurs pour assurer des arrangements ou les briser. La ligne de démarcation n'est pas un espace qu'on peut transcender en l'oubliant ou le déniant. Elle est peut-être, comme le suggèrent certains, l'espace de la « guerre à venir », mais elle est certainement un espace laboratoire où on peut observer les dynamiques de la « ville à venir ».