Le |Roman, l'archive, le mensonge
01 janvier 2018
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pp.49-54
Dans un tout autre répertoire, les lecteurs de "L'art de perdre" d'Alice Zeniter ont applaudi un livre d'histoire qui était le roman de cette histoire de la mémoire harki. Alice Zeniter y a fait entendre les voix jusqu'ici étouffées d'une longue souffrance. Son roman n'a rien cédé à l'exactitude historique, il n'a rien « inventé » et pourtant le roman demeure sa forme ultime. Alice a expérimenté cela, dans "L'art de perdre" (titre emprunté à la poétesse américaine Elizabeth Bishop), que l'histoire apprenait à s'écrire par les voies du roman et non contre. Pour approcher ce phénomène de métamorphose, on en reviendrait presque à user de ce mot d'écriture, une star des années 70 avant que le sociologisme métaphysique de Michel Houellebecq ne le mette à bas.