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Les Cocus de la macronie

Numéros de page :
pp.8-15
C'est parfois du désordre que jaillit la clarification. Alors que l'Assemblée nationale croule sous les textes, au point d'en émouvoir François de Rugy, son président, la ligne politique de l'exécutif devient de plus en plus nette. Après les remous autour du projet de loi portant sur l'asile et l'immigration, celui sur l'agriculture et l'alimentation a consacré la victoire des lobbies agricoles et la défaite de l'écologie, le gouvernement refusant l'interdiction du glyphosate. ll s'en est également fallu de peu pour que la loi sur l'évolution du logement, de l'aménagement et du numérique (Elan) n'enterre un des textes fondateurs du droit environnemental : la loi Littoral. Et si la réforme ferroviaire a, au bout du compte, été rendue plus sociale, c'est grâce au Sénat, à majorité de droite. Un comble. Alors que les arbitrages sur l'avenir de la fonction publique sont attendus, avec, à l'horizon, la réduction des aides sociales, ce printemps acte la fin du «en même temps», cet équilibre politique «et de gauche et de droite», qui fut l'emblème du candidat Macron. Conséquence, un hiatus se dessine dans la majorité, avec un décalage entre l'exécutif et les aspirations de nombreux élus macronistes. Les députés LREM s'en émeuvent, et s'organisent. «Il ne faut pas se mentir. On gouverne à droite alors qu'on a été élus au centre gauche, sur un discours assez blairiste», s'inquiète l'un d'entre eux. «Le "nouveau monde", certains en reviennent», lâche un autre, prêt pour sa part à larguer les amarres. Certains députés ont désigné un bouc émissaire : l'ancien juppéiste Edouard Philippe qui, depuis Matignon, multiplie les signaux en direction des maires de droite. Face à cette agitation, l'Elysée feint de rester de marbre : "Depuis les attentats de 2015, les Français de centre gauche réclament de la verticalité et de l'ordre." De l'ordre, mais peut-être pas l'accroissement des inégalités... Le sort réservé à trois personnalités de premier plan est tout à fait symptomatique de ce glissement politique. Sommaire. Les errances de M. Hulot. Pas de quartiers pour Borloo. Bayrou, l'ami abandonné. Chez les députés, une fracture en marche ?