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L’Islam des musulmans de Tanna (Vanuatu)

Auteurs
Numéros de page :
32 p. / p. 105-136
L’islam comme croyance religieuse, imaginaire culturel et monde social est longtemps resté ignoré des sociétés du Pacifique sud. Dans des pays densément peuplés de la Mélanésie, tels que la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les îles Salomon ou Vanuatu, s’employant depuis leur indépendance à construire des identités nationales fermement ancrées dans le christianisme, l’introduction de l’islam nécessite d’être étudiée en tant que phénomène strictement postcolonial. À Vanuatu, après plusieurs décennies de souveraineté, les autorités politiques et religieuses du pays ont néanmoins cherché à réaffirmer sur un plan national l’hégémonie chrétienne. Cependant, du fait de l’ampleur des conséquences culturelles de la mondialisation et de la sécularisation, les populations de Vanuatu traversent des bouleversements sociaux qui s’accompagnent d’une crise morale parmi les Églises historiques du pays, confrontées au succès croissant des Églises néo-évangéliques et pentecôtistes. La conversion à l’islam, dans un tel contexte, représente un phénomène religieux nouveau d’un intérêt particulier pour les spécialistes en sciences sociales, puisqu’il relance les débats sur les politiques culturelles et la question de l’identité. Ce qui est alors en jeu, c’est la capacité de l’islam à se conformer ou non aux expériences mélanésiennes passées en matière d’indigénisation des influences culturelles étrangères. L’objectif de cet article est d’analyser les raisons de cette adhésion à cette nouvelle offre dans un véritable « marché de la foi », dans certains contextes et notamment sur l’île de Tanna, et ce, malgré une profonde méfiance à l’égard de l’islam.