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Comment l'Angleterre est devenue une grande nation musicale

Numéros de page :
12 p. / p. 24-35
Une île l'Angleterre ? En tout cas pas sa musique ! On l'a longtemps prétendue en marge des courants fondateurs de la modernité, tous issus du continent. On l'a même crue résolument passéiste, engoncée dans la tradition, sourde à toute aventure. Albion avait de grands écrivains, mais pour les musiciens, c'était une autre affaire ! Cette réalité allait voler en éclats au lendemain de la Seconde Guerre mondiale : ″Peter Grimes″, histoire d'un pêcheur condamné à tort ou à raison pour les traitements sadiques infligés à ses boys, suscita une admiration quasi planétaire et imposa un compositeur encore inconnu, Benjamin Britten. Un musicien anglais pouvait donc nous parler, mieux : nous émouvoir. On commença alors sur le continent à se raviser, d'autant que l'industrie du disque, majoritairement britannique, oeuvrait à l'illustration de tout un répertoire insoupçonné. Après Britten, Tippett et, en remontant le temps, Walton, Vaughan Williams, Holst, Delius, Elgar... Il y avait bien une création musicale de l'autre côté du Channel, la Tamise avait connu d'autres ″Orphée″ depuis ″Purcellet Dowland″. On devait bien se rendre à l'évidence : l'Angleterre était peut-être une île, sa musique assurément un continent. En voici la carte.