Il y a tout juste un siècle, l'humanité basculait dans l'horreur du premier conflit planétaire. De tout temps, les fanfares et chansons ont scandé la discipline guerrière, les Te Deum ont clamé la victoire mais « à proprement parler, il n'y a pas de musique de guerre », selon Debussy. Ernst Jünger déplore de même : « Arès est ennemi des muses. » Stravinsky confirmera : « Qui dit révolution dit chaos provisoire. Or l'art est le contraire du chaos. » Après le lugubre tocsin du 1er août, la vraie musique de 1914-1918 ne serait-elle pas celle chaotique et inouïe du vacarme assourdissant du front, de ses pluies d'obus, salves de mitrailleuses, déflagrations du feu industriel : une poignante et horrible cacophonie, ponctuée de sonneries aux morts, dont il ne reste aucun témoignage ?