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Jacques Doillon

Numéros de page :
8 p. / p. 8-15
Pour la deuxième fois après "Germaine et Benjamin", réalisé pour la télévision mais sorti en salles dans sa version courte ("Du fond du coeur", 1994, sur Mme de Staël et Benjamin Constant ; de fait, le premier long métrage français tourné en numérique), Jacques Doillon s'attache à un couple de créateurs " historiques "... Mais il s'agit ici de sculpteurs et non d'écrivains, en l'occurrence du plus célèbre couple de sculpteurs de l'histoire : Auguste Rodin et Camille Claudel. Il s'agirait davantage d'un trio, puisqu'il convoque aussi Rose Beuret, la compagne de Rodin, que joue Séverine Caneele avec autant d'hallucinante vérité que Vincent Lindon et Izïa Higelin en " amants maudits " (Doillon, on le sait, est un exceptionnel directeur d'acteurs). Comme il s'en explique dans le brillant entretien qu' il nous a accordé, le cinéaste ne cherche nullement à rétablir quelque " point de vue de l'adversaire " vis-à-vis de Camille Claudel, mais plutôt à explorer la complexité d'une relation qui mêle la passion amoureuse et la création artistique, la pression sociale et la pathologie mentale. Ce faisant, il met en scène un autre couple, la sculpture et le cinéma : deux arts qui ont beaucoup en commun, et qui cultivent pourtant leurs différences. Le corps, le geste, la lumière, certes, mais aussi la parole, le mouvement, l'incarnation : le cinéma de Jacques Doillon, et "Rodin" en particulier, c'est la vie au travail. Sommaire. "Rodin", seul comme une pierre (critique du film). "La sculpture, ce n'est pas les mains, c'est le regard": entretien avec Jacques Doillon.