"Je ne peins pas l'être, je peins le passage". Lecteur de Héraclite, Montaigne, qui par ces propos caractérise le projet littéraire des "Essais", a bien saisi que la nature humaine s'appréhendait dans le mouvement et non dans l'identification d'une supposée essence. De la même manière, le roman ou le film d'apprentissage se déploient autour des processus de mutation et de transition. L'adolescent, dans la mise à l'épreuve de son désir, parcourt tout le spectre des émotions qui jalonnent un parcours borné par les expériences duelles du passage à l'acte et de l'impossible. "Breaking Away", le douzième film de Peter Yates, cinéaste d'ordinaire plus rompu aux poursuites automobiles qu'aux états d'âme des jeunes gens, s'inscrit ainsi dans la veine du récit de formation et met en scène un quatuor de vitelloni, tout juste sortis du lycée, encore pétris des rêves de l'enfance et déjà aux prises avec les premières désillusions de l'âge adulte.