Les Temps du film. Entretien avec Richard Linklater
Bulletin : Cahiers du cinéma 760 - novembre 2019
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pp.90-94
La première rétrospective française de Richard Linklater, qui se tient au Centre Pompidou du 22 novembre 2019 au 6 janvier 2020, vient à point nommé pour cerner un peu mieux une oeuvre qui ne nous est parvenue que de manière lacunaire. Identifié comme parrain de la scène d'Austin (voir les "Cahiers" d'avril 2013, pour notre première rencontre avec lui), Linklater a visité une multitude de genres (du "teen movie" à la S.F. en passant par la comédie criminelle) et reste friand de paris de tournage, parfois brefs, parfois au très long cours : "Tape" (2001) est un huis clos en temps réel avec Uma Thurman et Ethan Hawke confinés dans une chambre de motel miteux, quand, repoussant encore le record de "Boyhood" (filmé sur douze ans au rythme de la mue d'un adolescent), le projet" Merrily We Roll Along", adaptation d'une comédie musicale de Stephen Sondheim, annonce un tournage étalé sur... vingt ans. « Cinéaste du moment » (pour reprendre le titre d'un ouvrage collectif paraissant le 8 novembre chez Post-Editions) ou de la « matière-temps » (pour reprendre le titre de la rétrospective), Linklater compte une filmographie qui aligne les formats les plus divers : des bricolages des débuts (on guettera avec attention "Woodshock", plongée dans le festival d'Austin, qui fige en Super 8 les débuts scéniques du regretté Daniel Johnston en 1985) aux installations vidéo, en passant par des projets de séries ("$5.15/Hr." situé dans un fast-food, ou la collection de voyages d'"Up to Speed") et même les clips de campagne électorale (en l'occurrence dirigés contre le sénateur républicain Ted Cruz).