Son premier film, le documentaire "The Cruise" (1998, inédit en France), suivait dans New York un guide touristique sans abri. En trois longs métrages de fiction, Bennett Miller, né en 1966, a su, depuis, insuffler un passionnant malaise dans le cinéma de studio hollywoodien. Après Truman Capote (Capote, 2005), qui fut l'occasion d'une première rencontre avec Positif (n°541, mars 2006), Le Stratège (Moneyball, 2011 ), interprété avec complexité par Brad Pitt, se lisait comme une métaphore du libéralisme, saisi à travers le prisme du sport professionnel (le base-ball, d'où, hélas, le maigre retentissement du film en France). Avec "Foxcatcher", Prix de la mise en scène au dernier festival de Cannes, le cinéaste américain s'inspire pour la troisième fois d'une histoire réelle. Il filme un autre sport étrange et fascinant, la lutte olympique. Et poursuit son tableau implacable de l'Amérique des cinquante dernièresannées, de ses rapports de classes et de ses rapports de force.