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Woody Allen

Numéros de page :
9 p. / p. 6-14
Pour pouvoir nous proposer un film par an, Woody Allen alterne désormais les genres, les pays, les tonalités. A un film sombre (« Blue Jasmine ») succéda un film solaire (« Magic in the Moonlight ». A celui-ci, une comédie d'époque situé en Europe, succède un semi-polar américain contemporain : « L'Homme irrationnel » est à la fois la satire d'un milieu familier du cinéaste, le campus universitaire (il était déjà prof de fac dans « Maris et Femmes » ), et une variation sur le thème du crime parfait. C'est aussi un film sur la parole : celle qui philosophe, celle qui bavarde, celle qui explique, celle qui justifie... mais la parole contredite par l'image, par l'action, par ce qui est montré et ressenti. Le contrepoint entre ce qui est dit et ce qui est filmé, entre la logorrhée des dialogues et la sereine fluidité de l'image en scope (signée, encore une fois, du grand Darius Khondji)... bref, entre l'homme rationnel et l'homme irrationnel : voilà l'un des atouts de cette oeuvre étrange, qui éclaire les deux facettes du créateur, présentes dans l'ensemble qui suit, à travers une nouvelle de sa plume et une étude sur ses rapports à un genre - l'homme des mots et celui des images, l'écrivain et le cinéaste.