Autour de la mort de sa mère, Nanni Moretti invente une fiction. Refusant d'apparaître dans son propre rôle, il confie à Margherita Buy le soin d'interpréter la femme cinéaste capable de surmonter les soucis d'un tournage alors que sa mère, hospitalisée, vit ses derniers jours. Dans cette réflexion sur le thème de la difficulté à affronter le réel dans ce qu'il peut avoir de plus douloureux - on pense aussi au cardinal Melville d'"Habemus papam" qui renonçait à la dignité pontificale qu'il percevait comme accablante -, Moretti, avec "Mia madre", livre une réflexion délicate sur les imbrications entre la vie privée et les engagements publics, sur les nécessités du travail - quelles que soient les circonstances - et les drames de l'existence : ici, la mort d'un être cher et le deuil qui s'ensuit. La question lancinante revient sans cesse: comment être à la hauteur de ce que les autres attendent de vous et surtout de ce que vous vous attendez de vous-même ?