A tout novice en cinéphilie américaine, les noms et les oeuvres de Howard Hawks ou de John Ford sont immédiatement familiers. Il n'en est pas de même de King Vidor, géant discret de cette fête des images et des fables que fut Hollywood. Auteur pourtant d'une oeuvre exceptionnelle par sa longévité, remarquable par ses audaces et sa maîtrise formelle, King Vidor est aussi un grand poète, admirable par l'exigence et la profondeur d'une inspiration qui n'a rien à envier à celle des réalisateurs américains que la critique européenne avide d' « auteurs » a consacrés plus volontiers. Paradoxalement c'est pourtant Vidor qui le premier a eu l'audace ou l'outrecuidance de revendiquer le beau nom d'auteur, qui plus est d'auteur américain, né à Galveston, Texas, à une époque où la qualité d'auteur pouvait à la rigueur être concédée à des artistes d'origine européenne.