"Le Poirier sauvage"
Bulletin : Positif 689-690 - août 2018
Auteurs
Numéros de page :
8 p. / p. 98-105
Dans tous ses films, Nuri Bilge Ceylan remet en question la validité des liens familiaux dans une société turque changeante. "Le Poirier sauvage" s'inscrit dans cette thématique, tout en plaçant comme toujours ses personnages dans un environnement visuel somptueusement filmé qui reflète leurs contradictions. Mais le film témoigne aussi d'un renouvellement : pour suivre la quête obstinée de son jeune protagoniste, aspirant écrivain en butte aux réalités du monde contemporain, le cinéaste adopte une caméra fluide, mobile (y compris sur drone !), qui semble vouloir s'évader, comme le personnage, des contraintes de l'existence. C'est aussi, sans doute, l'oeuvre la plus "politique" de Ceylan, où le poids des autorités religieuses ou idéologiques pèse sur l'individu. C'est également un film surprenant dans ses volte-face, entre réel et onirisme, et dans sa manière de faire monter l'émotion jusqu'à un extraordinaire "dernier acte",où l'on s'aperçoit que le personnage principal n'était peut-être pas celui qu'on croyait. Sommaire. Les trois pièces d'or, critique du film. "Je vois ma vie comme dans un rêve", entretien avec Nuri Bilge Ceylan.