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Les Démocrates américains n'ont-ils rien appris ?

Numéros de page :
pp.18-21
«Ils n’ont rien appris, ni rien oublié», aurait dit Talleyrand pour décrire les émigrés rentrés en France après la chute de l’Empire. Malgré tout ce qui pourrait séparer les deux situations historiques, ce mot décrit assez bien l’opposition démocrate à l’heure de Trump. Toujours sous le choc de la surprise maudite de novembre 2016, les Démocrates admettent à peine la légitimité du nouveau président et continuent de rêver à sa destitution, tout en accordant à Hillary Clinton un rôle d’icône culturelle et en préparant la canonisation de Barack Obama. Ce choc initial a bien commencé par susciter une crise d’angoisse et un effort de compréhension dans la gauche américaine : pourquoi les Démocrates ont-ils perdu leur électorat populaire, notamment celui de la classe ouvrière blanche ? Se sont-ils trop enlisés dans les politiques identitaires (identity politics) ? Sont-ils devenus, malgré leur soutien aux minorités, le parti élitiste des grandes villes côtières ? Ont-ils cessé d’offrir une véritable alternative ? Mais tout se passe comme si ces mea culpa n’avaient eu aucune suite – plus encore, comme si la première année de la présidence Trump n’avait finalement eu d’autre conséquence que d’encourager les Démocrates à poursuivre dans la voie empruntée lors de l’élection présidentielle.