La Véritable réforme de la SNCF
Bulletin : Esprit 445 - juin 2018
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pp.24-28
Le 26 février 2018, Edouard Philippe présentait la stratégie gouvernementale de réforme de la SNCF, qualifiée de "nouveau pacte ferroviaire". Son discours évoquait aussi bien la méthode (recours aux ordonnances permettant "une large concertation", contenu des ordonnances réduit "aux seuls aspects techniques") que le contenu (abandon du recrutement au statut, ouverture à la concurrence européenne, transformation de la SNCF en société anonyme à capitaux publics, nouvelle gouvernance fondée sur un projet d'entreprise), ou encore une vision plus large du projet (refus "d'un débat idéologique déconnecté des réalités de mobilité des Français", construction d'un "pacte équilibré"). A la mi-février, la sortie du rapport Spinetta avait tiré un bilan alarmiste de l'état de l'entreprise : mauvaise maintenance du réseau, service dégradé, coût de 10,5 milliards d'euros par an pour la collectivité, surcoût de 30 % dû au statut des cheminots. Plus en amont encore, en juillet 2017, Emmanuel Macron s'était lui-même exprimé, dans un entretien au magazine interne de la SNCF, où il décrivait la SNCF du XXIe siècle en opérateur intégré : "vous emmener en train, puis en car, puis vous louer un taxi ou une solution de covoiturage ou de vélo en ville, etc.", Mobilités et non plus simple transport, entrée dans d'autres conceptions de vies et des services rendus.