Gueorgui Efron, l'écrivain des limbes
Bulletin : La Nouvelle Revue Française 648
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pp.99-104
Reconnaissable au velours du fauteuil de cinéma, remplacé depuis longtemps, mais qui a sa place dans les fantômes de la mémoire. Il suffit du tissu de ce fauteuil de cinéma pour en suivre le fluide intime, celui qui fait écrire les livres. Un livre dans le genre de ceux que voulait écrire le jeune Gueorgui Efron, dans sa chambre de Moscou au temps de Stalingrad. Caroline Bérenger nous en dresse le portrait, du fin fond de l'oubli. Il était le fils de Marina Tsvetaieva, trouvant sa mère pendue, par une triste fin de journée d'août 41. Il tenait un journal qui a été traduit et édité en français, aux Éditions des Syrtes. Gueorgui Efron eût pu devenir l'un de ces émigrés à la manière de Bounine, publiant de beaux livres, incarnant la relève dostoïevskienne. Il n'en a pas été ainsi. Son nom figure sur un monument aux morts pourtant d'autres disent qu'ils l'ont vu à Paris, après la guerre, sortir du métro Etoile.