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La Vie quotidienne

Numéros de page :
pp.70-91
Bienvenue à Paris, les filles sont si jolies ! Bien qu’anachronique, cette formule de cabaret s’appliquerait sans peine au Paris de Saint Louis et de Philippe le Bel. Car la capitale capétienne connaît alors un essor économique et démographique sans précédent. Il y a du travail pour tous, même si, comme toujours, les richesses sont très inégalement réparties. Tout au long des rues s’élèvent de grands hôtels particuliers, où vivent de riches bourgeois – qui sont les vrais maîtres de la ville. Accaparés par d’autres charges, ils laissent souvent la direction des boutiques et ateliers à leurs épouses, qui jouent de fait un rôle économique de premier plan. Marchands et artisans emploient (ou exploitent) tout un peuple d’apprentis, d’ouvriers et de domestiques aux gages misérables. L’argent qui afflue leur permet de développer un nouvel art de vivre et, dès le XIIIe siècle, l’élégance des Parisiennes est proverbiale, de même que la beauté de leurs intérieurs et la qualité de leur table – en témoigne ce livre étonnant qu’est le Mesnagier de Paris. À l’opposé de ce luxe intérieur, les rues étroites et boueuses offrent le spectacle vraiment bien différent de la ville laborieuse. A chaque carrefour, les marchands des rues crient leur marchandise, se bousculent, s’invectivent et se battent, pour le plus grand plaisir des badauds. Par ailleurs, mendiants, tire-laine et ruffians sont aux aguets, prêts à couper les lanières de votre bourse remplie d’écus et, la nuit, entre deux rondes du guet, à vous égorger. C’est ce monde truculent que chante le célèbre poète Rutebeuf. Pour quelques piécettes de cuivre, vous pouvez également vous offrir un bon verre de vin ou d’hydromel, déguster quelque délicieuse pâtisserie, assister à un spectacle de jongleurs... ou, de manière gratuite, à l’exécution capitale d’un criminel. Bienvenue à Paris ! Sommaire. Paris est (déjà) une fête. Un deuxième sexe premier de cordée. Ils ont chanté Paris entre enfer et paradis. Aimée et détestée. Le bourgeois gastronome. Pas de pitié pour les récidivistes !