Education : "Le principe d'égalité est un mythe"
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pp.20-21
L'éducation est le premier poste du budget de l'Etat. Avec 160 milliards d'euros, la dépense intérieure d'éducation (DIE) atteignait 7% du PIB en 2020. Ce qui n'empêche pas notre pays d'avoir le système éducatif le plus inégalitaire des pays de l'OCDE. Les derniers résultats de l'enquête Pisa, qui mesure les résultats des élèves âgés de 15 ans dans 79 pays de l'OCDE, montrent, en effet, une différence de 107 points entre les élèves français venant de familles favorisées et ceux issus de milieux défavorisés. La moyenne des Etats membres n'est qu'à 89 points. Un comble dans un pays qui a fait de l'égalité l'un des principes fondateurs de la République. Il s'agit en réalité d'un effet pervers de la centralisation de l'Etat, qui a certes permis d'ériger un service public unifié, accessible à tous, mais qui ne résiste pas à la massification de l'enseignement. Les premières lois de décentralisation introduites en 1982 ont été pensées pour compenser ce phénomène. Mais ce mouvement de territorialisation des politiques scolaires se heurte, d'un point de vue juridique, au principe d'égalité, l'Etat gardant une position prépondérante qui cantonne les collectivités territoriales à un rôle subsidiaire. C'est ce qu'analysent Pascale Bertoni et Raphaël Matta-Duvignau, maîtres de conférences en droit public à l'université Paris-Saclay (université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines), ainsi que neuf autres chercheurs dans le rapport thématique du Centre national d'étude des systèmes scolaires (Cnesco) "Les politiques éducatives au prisme de la déconcentration et de la décentralisation: aspects juridiques", publié en mars.