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Sempé

Numéros de page :
8 p. / p. 92-99
Deux albums que tout réunit : leur héros, bien sûr, objet de toutes les attentions - et, malgré ou à cause de cela, toujours aussi modeste, insatisfait, tourmenté -, mais aussi son éditrice, Martine Gossieaux, grande galeriste du dessin d'humour, et son interlocuteur, Marc Lecarpentier, d'une remarquable empathie. ″Un peu de Paris et d'ailleurs″, catalogue de l'exposition de l'Hôtel de Ville, à Paris, est à recommander à ceux qui n'auraient encore dans leur bibliothèque aucun Sempé. Au-delà du rapport à Paris et autres lieux, c'est l'ensemble des thématiques, des préoccupations et des obsessions de Sempé qui est retracé, avec une série de citations, souvent empruntées au second livre, qui nous en disent beaucoup sur la philosophie sempéenne et qui vont loin (« Dire, c'est parfois très violent″). Mais pour remonter à la source de ladite philosophie et desdites obsessions, c'est ″Enfances″ qu'il faudra lire. Là, dans une famille fracturée par la mésentente des parents, gît la souffrance initiale d'où est sorti le petit bonhomme dominé par les grands espaces, les grands arbres, les hauts buildings. Dominé mais pas écrasé ni vraiment perdu et, comme le dit l'auteur, autour de lui, pas beaucoup ″de gens condamnables″. Trait rare de nos jours : par ici, pas de mépris. Le petit bonhomme garde toujours son quant-à-soi, selon les cas rêveur ou pontifiant. ″Quand je me suis mis à dessiner, j'ai eu envie de dessiner des gens heureux.» Les héros de Sempé ne sont pas toujours heureux, mais ses lecteurs, si.