Affaires publiques, intérêts privés
01 avril 2024
Numéros de page :
pp.4-15
On sait depuis Michel Foucault que le droit et la justice sont les leviers privilégiés des politiques du « tournant néolibéral », qui s’analyse aussi comme un « interventionnisme juridique », les enrôlant tous deux dans le travail de promotion du paradigme du marché concurrentiel et de l’entreprise compétitive. L’importance du droit de la concurrence comme savoir central du gouvernement néolibéral, sa diffusion au cœur des États par le biais d’autorités de régulation ainsi que le rôle des juristes et des cadres juridiques au cœur même des processus de financiarisation ont été fréquemment étudiés. Mais au-delà de ce réagencement des relations entre États et marchés, on a moins interrogé les conditions dans lesquelles le pouvoir de réguler (par la loi, le règlement ou la décision de justice) ou, pour le dire autrement, le droit de dire le droit est devenu à son tour objet de négociations. Ce numéro documente et analyse ces processus, moins arpentés par la sociologie politique, de commerce étatique du droit. Il les analyse en tant que stratégies de puissance encouragées aux sommets des États au nom d’une nouvelle modernité administrative soucieuse de l’efficacité et de l’attractivité des économies nationales. Sommaire. Le négoce de la souveraineté juridique. Les affaires publiques d’une entreprise privée : Airbnb et l’orchestration d’un militantisme mercantile. Une justice privée ? : l’arbitrage et la construction d’un espace marchand international (1920-1960). Citoyenneté à vendre : stratégies de marchandisation de l’État. Quand le capitalisme négocie ses peines : genèse de la justice négociée pour les entreprises. Corps privés, intérêts publics : élites politico-administratives et formation d’une morale managériale d’État. Sur le site Cairn : utiliser la navigation article par article pour consulter l'intégralité du dossier.