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Littératures de l'imaginaire

Numéros de page :
50 p. / p. 6-55
Vous aimez... ou vous détestez : l'érotisme vampirique, les elfes et les dragons, les vaisseaux spatiaux et les petits hommes verts, l'esthétique steampunk... Et l'imaginaire ? Pour paraphraser ce que China Mieville fait dire au narrateur de son dernier roman : le désir de raconter est aussi vieux que l'humanité. Et bien sûr, toute littérature est imaginaire. L'auteur crée son univers, le lecteur en recrée un nouveau... Quid alors des littératures de l'imaginaire, de la théâtrale suspension volontaire de l'incrédulité, de l'évasion chère à Tolkien, de la prégnance de la science et des technologies, ou encore du fameux ″sense of wonder″ ? Et quelle place leur octroyer en bibliothèque ? Autrefois cantonnés parmi les ″mauvais genres″ et les romans de gare, les littératures de l'imaginaire se sont émancipées à la faveur des locomotives littéraires et cinématographiques connues de tous ; le lectorat a explosé, il s'est universalisé jusqu'à inclure majoritairement les femmes et les jeunes. Quand la BBC lançait en 2003 une vaste enquête pour connaître le roman préféré des Anglais, personne ne fut choqué outre-manche que ce soit ″Le Seigneur des anneaux″ qui remporte la palme auprès des 750 000 votants ; ni d'ailleurs que six titres des genres de l'imaginaire figurent parmi les dix premiers cités. Il semble bien qu'aujourd'hui, en France, cela ne choque plus trop non plus. C'est qu'un bouleversement a bel et bien eu lieu : les littératures de l'imaginaire sont entrées en leur âge adulte et aucune bibliothèque ne peut plus en faire l'économie.