Carlos Ghosn, le mythe du grand industriel
Bulletin : Alternatives économiques 386 - janvier 2019
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pp.44-45
L'arrestation fin 2018 de Carlos Ghosn, dirigeant du constructeur automobile franco-japonais Renault-Nissan, a entraîné plusieurs de ses défenseurs et collègues à rappeler toutes ses qualités. Le chef d'entreprise est présenté comme un capitaine d'industrie, un visionnaire, qui a fait de son groupe l'un des leaders mondiaux dans son domaine. Et s'il compte dans son historique des succès indéniables en tant que patron de Renault-Nissan, dont le premier est sans doute d'avoir réussi à faire tenir cette alliance, il n'est pas non plus exempt de tous reproches. Ainsi, les ventes de Renault n'ont que peu progressé entre 2004 et 2017, passant de 2,3 millions à 2,67 millions de véhicules vendus. En Europe, la marque a même perdu des parts de marché. Sa marge opérationnelle a quasiment stagné, et la production de voitures Renault dans l'Hexagone a même baissé, tout comme le nombre de salariés français employés. Et sur le plan de l'innovation, exceptée la voiture électrique, Renault ne s'est pas spécialement illustré. Au final, Carlos Ghosn apparaît surtout comme un "cost killer", qui a drastiquement réduit les coûts de Renault. Mais son sens industriel est loin d'avoir convaincu le secteur. Des détails. Données chiffrées (production de voitures Renault en France, marge opérationnelle, etc.).