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Transformer l'ENA, une bonne idée ?

Numéros de page :
pp.22-23
Institut du Service public : à coup sûr, personne ne dira que le nouveau nom de l'Ecole nationale d'administration (ENA), annoncé le 8 avril par Emmanuel Macron, souffre d'un excès de lyrisme ! Il semble au contraire signer une volonté de casser l'image d'arrogance, d'entre-soi et d'oligarchie coupée des réalités sociales qui colle aux basques de cet établissement créé en 1945 sur le souhait du général de Gaulle. Le mot "énarque" lui-même, que les Français emploient avec un égal mélange d'admiration et d'inimitié, ne sera bientôt plus. Au moment où, il faut bien le reconnaître, les administrations de notre pays peinent à enclencher la vitesse supérieure en matière de vaccination, et où les ministères font de plus en plus appel à des cabinets privés type McKinsey pour les conseiller, la réforme était sans doute nécessaire. Mais un changement de nom ne suffira pas. En promettant de refondre le concours d'entrée pour le rendre plus accessible aux étudiants d'origine modeste, en imposant aux jeunes diplômés de passer plus de temps sur le terrain, en jurant que les carrières se feront désormais au mérite et non plus à l'ancienneté, le président Macron - lui-même issu de la botte (les mieux classés) de l'ENA - parviendra-t-il à créer l'établissement "moins éloigné de la société" dont on rêve ? Une chose est certaine : par le passé, l'école a montré une extraordinaire capacité de résistance aux changements. Il en faudra de la fermeté et de la persuasion pour parvenir à ouvrir la formation des élites et infléchir le déroulement de leurs carrières.