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Existe-t-il une pensée fasciste ?

Numéros de page :
28 p. / p. 38-65
Le sur-gissement de groupuscules politiques aux slogans haineux, une parole antisémite ou islamophobe qui se libère, la banalisation électorale du Front national sur fond d'une crise économique qui ne trouve pas d'issue : les analogies sont nombreuses entre notre époque et ces années 1930 qui virent l'essor de l'idéologie fasciste. Mais nous pouvons aussi interpréter ce phénomène comme un genre de prophétie autoréalisatrice qui rejouerait, sur le mode du fantasme, un passé traumatique. D'où le double intérêt de réexaminer la nature historique du fascisme : sa genèse, qui a fort à faire avec la France, sa singulière constellation entre les idées de "peuple", de "mythe", de "terre" et de "vie", ou sa stratégie, aujourd'hui réactivée, du bouc émissaire. Quant à l'affaire Heidegger, elle projette sur cette question un éclairage proprement philosophique : le fourvoiement national-socialiste de l'un des plus grands esprits de son temps rappelle que nous ne sommes, jamais, à l'abri d'un effondrement de la pensée.