Peut-on choisir ses désirs ?
Bulletin : Philosophie magazine 97 - mars 2016
Numéros de page :
28 p. / p. 40-67
"C'est mon choix !" : tel est le mantra qui scande nos existences. Moins enchaînés par la tradition, nous sommes désormais invités à choisir en conscience les orientations essentielles de notre vie : notre métier ou notre sexualité, notre alimentation ou notre façon de faire famille. C'est un appel à la liberté puissant mais qui se révèle très fragile : ces désirs pour lesquels nous nous décidons risquent de ne trouver aucune nécessité propre à les soutenir. Car le désir n'est jamais totalement saisissable : plus spirituel que le simple besoin et plus charnel que la claire volonté, il reste une énigme à laquelle la philosophie tente de répondre depuis ses origines. Il y a d'abord, chez les stoïciens, le désir considéré comme une pulsion qu'il s'agirait de maîtriser. Mais comment manipule-t-on cette force fugace ? Il y a ensuite, chez Freud, le désir compris comme un interdit à sublimer. C'est aussi le moteur de bien des oeuvres d'art. Et il y a, enfin, le désir comme part essentielle de soi qu'il faudrait dès lors affirmer avec Spinoza. A chacun de combiner, selon les moments et les situations, ces trois approches. Sommaire. Vertige des possibles. Choisir ses amours, ses goûts, sa vocation... La voie de la maîtrise. Les secrets des publicitaires pour vendre du rêve. La voie de la sublimation. Fantasmes sur grand écran. La voie de l'affirmation. Le temps des égarés.