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Des Cavernes à Internet...

Numéros de page :
17 p. / p. 4-20
L'homme est un animal spirituel. C'est du moins ce que pensent certains préhistoriens et anthropologues, qui interrogent les rares vestiges laissés par nos lointains ancêtres afin d'identifier les processus évolutionnistes permettant de retracer l'apparition des religions. Celles-ci, en tout état de cause, ont partie liée avec le social et le politique, ce qui permet de définir des étapes de complexification de ces sphères de la pensée humaine. Le processus liant le sacré au pouvoir devient apparent lors de la révolution néolithique, avec l'apparition de théocraties légitimant des rois en contact privilégié avec le divin, trônant au sommet de pyramides sociales de plus en plus complexes. Le moment axial semble l'archétype de ces étapes où religions et sociétés évoluent de concert. Dans des sociétés qui englobent un nombre croissant d'individus apparaissent des religions de salut, offrant un cadre de valeurs partagées et universelles. La règle d'or, dont Olivier Du Roy dresse un panorama, est la matérialisation la plus manifeste de cette tendance. La maxime « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'il te fasse » et ses variantes sont au fondement moral de toutes les sociétés du globe depuis au moins deux millénaires. Avec l'hypermodernité qui saisit aujourd'hui notre société-Monde connectée, ne vivrions-nous pas un nouveau moment axial ? C'est ce que postule Raphaël Liogier, qui voit dans les manières de gérer la tension entre l'individualisation et la sensibilité au global - deux sentiments à la fois antagonistes et en affirmation croissante - l'esquisse de la religion de demain : l'individuo-globalisme sera-t-il le nouveau paradigme d'une humanité qui toujours se cherche, et toujours adapte ses cadres mentaux à des sociétés en mutation ?