Des Borgia, famille catalane qui donnera deux papes et régnera sur Rome pendant deux siècles, l'opinion publique n'a retenu que la légende sulfureuse : poison, fratricide, inceste et stupre sous les ors du Vatican, pour lesquels trois personnages, Alexandre et ses enfants César et Lucrèce, semblaient vouloir rivaliser. L'essentiel de ce que l'on connaît des Borgia vient des calomnies répandues par les ennemis personnels du pape et adversaires de la Papauté. Raphaël Carrasco et Guy le Thiec ont décidé de mener l'enquête pour s'éloigner de la légende et revenir à la réalité historique. Et celle-ci vaut tous les romans ! Grand homme d'Etat de la Renaissance, mécène fastueux malgré son bref pontificat (1492-1503), Alexandre VI, né Rodrigue Borgia, fut aussi le chef d'une famille pontificale : il comprit que son clan ne pouvait se maintenir qu'en construisant une principauté durable, tâche qu'il confia à son fils César. C'est en confrontant ces trois perspectives - légendaire, familiale et politique - largement prises en compte par une abondante fiction littéraire plus avide de sensations fortes que de rigueur historique, que les auteurs ont échafaudé leur propos. A travers le récit des origines espagnoles de la famille, son ascension romaine et son crépuscule, se dessine une méditation sur le désir et le pouvoir à l'aube de la modernité et le parti que pouvait offrir au prince des temps nouveaux l'instrument de la religion. N'oublions pas non plus la scène inquiétante et prestigieuse sur laquelle se joue le drame : la Rome de la Renaissance et l'Italie des affrontements entre puissances rivales.