Les Mondes de la charité se décrivent eux-mêmes
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39 p. / p. 28-66
Tout au long du XIXe et au début du XXe siècle ont été publiés de nombreux « répertoires charitables » qui donnaient des listes et de brèves descriptions des oeuvres de bienfaisance à l'échelle d'une ville (sont étudiées ici Londres, New York, Paris et Genève). Ces documents, dans lesquels les mondes charitables se décrivent eux-mêmes, constituent une source très intéressante et rarement utilisée. Dans cet article, la source devient l'objet même de l'enquête. Un corpus complet des répertoires est établi. Ils sont décrits comme des produits éditoriaux placés sur des marchés concurrentiels (Londres), ou en situation de duopole (Paris) ou proche du monopole (New York, Genève). Les répertoires étaient aussi un moyen d'action : à la fin du XIXe siècle, les principaux d'entre eux étaient réalisés par des acteurs du monde charitable qui avaient entrepris d'organiser celui-ci scientifiquement et d'en rationaliser les pratiques. Les carrières biographiques des « auteurs » des répertoires avaient de notables traits communs, les modes de production impliquaient la coopération des oeuvres recensées, le modèle circulait et était discuté entre les villes étudiées.