Aller au contenu principal

Histoire d'une peur urbaine

Numéros de page :
23 p. / p. 31-53
En 1819 naît une nouvelle catégorie de déviants, les « piqueurs » de femmes. En cinq mois, quelque 400 victimes - pour l'essentiel des jeunes femmes - se plaignent d'avoir été piquées, à l'aide d'aiguilles ou d'autres instruments, par des inconnus dans l'espace public de la capitale. Le fait divers devient événement et se publicise à partir de novembre 1819, notamment par la presse et la caricature. Il catalyse une intense peur collective, rapidement diffusée en province où des gestes analogues sont observés. Des rumeurs se greffent aux faits attestés et tendent à politiser des gestes fantasmés. A la croisée de l'histoire des perversions sexuelles, des rumeurs et des imaginaires politiques, émerge ainsi un objet d'histoire déroutant, brouillant les limites de la fiction et du témoignage, du fait divers dérisoire et de la manipulation politique, de la pulsion perverse et du jeu.