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«Y être, c’est (encore) en être» : déclassement social et aspirations nobiliaires parmi les familles maintenues en noblesse en France sous la Restauration

01 octobre 2017
Numéros de page :
pp.819-842
En remettant en vigueur la procédure de maintenue en noblesse, la Restauration offre à des familles qui étaient encore aux portes du «Second Ordre» une officialisation de leur statut nobiliaire. Parmi les 111 familles qui ont ainsi été confirmées dans leur noblesse et les 34 qui ont été anoblies après avoir demandé des lettres recognitives, une vingtaine n’en est pas moins engagée dans un processus de déclassement socio-économique qui s’est parfois amorcé dès la fin de l’Ancien Régime. Il s’agit ici de réinterroger les mécanismes, les formes et les enjeux de la fragilisation socio-économique dans les marges de la nébuleuse nobiliaire à la charnière des XVIIIe et XIXe siècles, mais aussi de saisir l’instrumentalisation qui a pu en être faite – le déclassement, érigé en sacrifice consenti à la cause des Bourbons, devenant un argument pour solliciter secours, postes et honneurs compensatoires. Se donne également à voir la persistance d’un préjugé nobiliaire toujours vivace dans la société française, bien qu’il faille distinguer le caractère symbolique de cette réagrégation nobiliaire des profits effectifs qui ont pu en être tirés, à court comme à moyen terme, par ses bénéficiaires, lesquels restent conditionnés par la capacité de ces derniers à saisir les opportunités patrimoniales, matrimoniales, professionnelles, notabiliaires et/ou mondaines susceptibles de pérenniser leur maintien dans les groupes élitaires.