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L'Art, la révolution, la terreur

01 décembre 2017
Numéros de page :
pp.999-1006
Un homme tient un miroir de poche de la main gauche et un pinceau de la main droite. Son visage est rond, une moustache fine au-dessus des lèvres. Ses cheveux courts sont coiffés sur le côté. Assis à une table, il est costumé de la tête au pied. Son col de chemise forme deux pointes blanches dressées comme des rayons ou des arêtes de papier coupant. Sur la table devant lui, nous remarquons un verre d’eau au centre d’une coupelle. A droite, des chiffons. Derrière la chaise, des livres. Jusqu’à présent, rien d’anormal. Ce pourrait être la silhouette d’un aquarelliste, comme il s’en trouve des milliers à la fin du XIXe siècle. Mais sur la joue gauche de l’homme est tracé un motif géométrique, croquis à la fois cubiste et futuriste : un dessin abstrait à même la peau. Aux paupières mi-closes du modèle, nous devinons également avec quel sérieux, quelle timidité, quelle méthode et quelle patience l’homme est en train de se barbouiller le visage. De se peinturlurer. Clown amateur ? Professionnel du cirque ? Jongleur facétieux ? Non, c’est l’artiste russe Mikhaïl Larionov, né en 1881 à Tiraspol (gouvernement de Kherson) et mort en 1964 à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine).