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Hubert Lucot

Bulletin : Europe 1068
01 avril 2018
Numéros de page :
pp.230-275
Hubert Lucot : une présence gaie, sonore, toujours insolite, un oeil bleu vif qui cernait son interlocuteur tout en gardant on ne sait quelle gaminerie. Une manière nette, droite, affinnée d'être. Une autonomie et une fantaisie dans l'art d'exister, qui le rendait disponible à l'infime, au cocasse, à la saveur de l'instant. Il nous reste à le reconnaître pour ce qu'il fut : un des écrivains les plus innovants de son temps. Alors que son terrain de chasse fut le familier, le quotidien, la vie des siens, les rencontres les plus banales, il a scruté, sondé, creusé la sensation avec tant d'obstination qu'il a renouvelé de façon saisissante l'art de la mettre en mots - et donc de la faire revivre. Dans les labyrinthes de la mémoire, il a ouvert des percées, provoqué des éboulements, déplacé des galeries avec cet élan de libertarisme et d'énergie qui n'appartient qu'à lui. Des tyrannies de la langue - sclérose des formules, rigidité de la syntaxe, monotonie des ponctuations et respirations-, il a constamment cherché à se (à nous) libérer, fût-ce au prix de l'ellipse, du décalage, de la césure imprévue. Il a ainsi bousculé les façons de dire, déconstruit à sa manière les enchaînements de cause à effet, pour mieux cerner ce réel protéiforme qu'il a tant aimé : plaisirs de la sensation, joies du corps, reprise à l'infini du bonheur qu'il y a à énoncer, débroussailler, lancer à neuf regards et mots sur ce qui nous entoure. Sommaire. Lucot le découvreur. Un écrivain. Moments de parole. Hubert Lucot, un écorché de présent. Vers la machine. L'étant d'Hubert Lucot. Lucot "écrivain de l'extérieur" ?