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Bernard de Fallois. Souvenirs d'une vie d'éditeur

01 juillet 2018
Numéros de page :
pp.94-111
Nous avions rendez-vous au Bistrot de Paris. Un décor un peu à l'ancienne, des années soixante, l'époque de ses débuts. Une conversation à bâtons rompus. Ce fut la dernière de toute une série. La seule qu'il nous ait été donné d'enregistrer, les précédentes ayant servi de mise en bouche. Bernard de Fallois avait traversé son siècle en le marquant de quelques grands livres : l'édition du "Contre Sainte-Beuve" et de "Jean Santeuil" de Marcel Proust. Il avait imposé quelques grands écrivains, dont Marcel Pagnol, Georges Simenon, Emmanuel Berl, Vladimir Volkoff. Il fut aussi l'éditeur de Raymond Aron, de Jacqueline de Romilly, d'Alain Peyrefitte, de Dominique Schnapper, d'Alain Besançon, de Françoise Chandernagor. Il connaissait tout de la vie littéraire et éditoriale de la seconde moitié du XXe siècle. S'il en parlait volontiers, il ne songeait guère à rassembler des mémoires. Nous garderons de lui le souvenir d'un convive caustique et désabusé, qui semblait avoir fait sienne la maxime de La Rochefoucauld: «Il n'est pas besoin d'espérer pour entreprendre.» Sa curiosité pour de nouveaux auteurs ne l'avait pourtant pas quitté, en atteste la découverte de Joël Dicker. Et sa vivacité est restée intacte jusqu'au bout. Notre conversation a eu lieu quelques semaines seulement avant sa mort, le 2 janvier 2018.