Michel Charles, "Composition". La "rhétorique spéculative" de Michel Charles
Bulletin : Critique 858 - novembre 2018
01 novembre 2018
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Numéros de page :
pp.929-946
Il existe, comme le note Michel Charles, avec ironie et une certaine dose d’autodérision, deux types de chercheurs, ceux qui avancent et ceux qui creusent. Le parcours de sa propre recherche montre qu’il fait incontestablement partie de la seconde catégorie puisqu’il a publié jusqu’ici une dizaine d’articles et quatre livres tous consacrés à une seule question. La formulation de cette question est essentielle, mais très difficile, et on la résumera, pour commencer, sous cette forme : qu’est-ce qu’une lecture professionnelle ? La recherche de Michel Charles essaie d’y répondre à travers un modèle théorique qui s’est construit et affiné progressivement, jusqu’au dernier livre, "Composition", dont l’objectif principal est de proposer à la fois une reformulation de l’ensemble du modèle et de compléter certains aspects de la question peu traités par les textes antérieurs (le corpus analysé inclut "La Princesse de Clèves", "Manon Lescaut", "La Chartreuse de Parme", "La Maison du chat-qui-pelote", "Un cœur simple" lu par Barthes, et enfin un fragment de la "Recherche" de Proust ; pour une justification du corpus, voir p. 417). J’essaierai d’abord de décrire, le plus précisément possible, les fondements épistémologiques de la démarche de Charles, son modèle théorique qui veut rendre compte des conditions de possibilité de la lecture professionnelle, pour pouvoir ensuite m’attarder sur les questions soulevées par ce modèle et sur ses possibles «applications».