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Dans l'engrenage libéral

01 juin 2013
Numéros de page :
33 p. / p. 9-42
Avec ses normes contraignantes (critères de convergence, pacte de stabilité et de croissance, pacte budgétaire) et ses institutions supranationales (Commission de Bruxelles, Banque centrale européenne), l'architecture de la zone euro dessine une sorte de fédération technico-économique. Son but ultime est l'achèvement du Marché commun décidé en 1957 par le très libéral traité de Rome. Depuis l'Acte unique de 1985, l'intégration communautaire semble tout entière tournée vers cette unification dont la monnaie unique est la clé de voûte. L'année 2013 franchit une nouvelle étape avec l'entrée en vigueur du mécanisme européen de stabilité (MES) et la mise en place de la supervision des banques. Les principes du libre-échange et de la concurrence structurent l'ensemble des traités. Les valeurs politiques et démocratiques sont prudemment reléguées à des préambules sans force obligatoire. Progressivement, les Etats subordonnent leur économie et leur société à un marché envahissant, transformant les droits sociaux en variables d'ajustement. Le démantèlement de la politique agricole commune éclaire ce tropisme : au nom du libre-échange exigé par l'Organisation mondiale du commerce, l'Union se prive d'un outil qui pourrait lui être si utile face aux défis environnementaux et alimentaires. Et le « sauvetage » des pays victimes de la crise financière sert de prétexte au durcissement de la même politique.