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L'Heure des islamistes

01 décembre 2013
Numéros de page :
29 p. / p. 69-97
Tremblement de terre pour la classe politique traditionnelle et pour les élites d'Istanbul, la victoire du Parti de la justice et du développement (AKP), issu de la mouvance islamiste, aux élections législatives de 2002 marque une étape de l'histoire de la Turquie. Cette expérience se prolonge depuis une décennie, le premier ministre Recep Tayyip Erdogan ayant remporté les élections de 2007 et de 2011, ces dernières avec près de 50 % des voix. Ces victoires successives reflètent les succès du pays sur le plan économique, les réformes politiques mises en place dans la perspective de l'adhésion à l'Union européenne, notamment le retour de l'armée dans ses casernes, le prestige grandissant du « modèle turc », en particulier dans un monde arabe ébranlé par des contestations multiformes. C'est pourtant arrivé au faîte de leur puissance que l'AKP et son leader subissent leurs premières déconvenues. La croissance économique se grippe du fait notamment de la crise internationale, et les inégalités sociales, même réduites, restent fortes. Les manifestations du parc Gezi illustrent l'autoritarisme croissant de M. Erdogan. Enfin, la politique étrangère du pays est fortement contestée, la majorité de l'opinion rejetant l'interventionnisme d'Ankara en Syrie. Le coup d'Etat contre le président égyptien Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, affaiblit le prestige de M. Erdogan, qui compte désormais sur un accord avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) pour asseoir son autorité.