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Souvenirs de l'Empire

01 décembre 2013
Numéros de page :
26 p. / p. 5-30
On l'a oublié, mais l'Empire ottoman fut, à partir du XVIe siècle, une grande puissance européenne. A deux reprises, en 1529 et en 1683, ses troupes, après s'être emparées des Balkans et d'une partie de l'Europe orientale, avancèrent jusquaux portes de Vienne. Mais ces épisodes militaires ne résument pas les relations entre cette puissance musulmane et les Etats chrétiens. Nombre de ces derniers tentèrent de nouer des alliances avec les « mahométans », contre leurs rivaux tout aussi chrétiens. Ainsi, le roi François Ier fut le premier, en 1536, à établir une entente franco-ottomane qui transcendait les clivages religieux. Des ambassadeurs envoyés par Paris auprès de la Sublime Porte témoignent des ces liens, et Louis XIV lui-même tenta, à plusieurs reprises, de les renforcer. Si l'Empire ottoman domine en Europe, il s'engage aussi dans l'« âge des explorations », mais ses vaisseaux, au lieu de cingler vers l'ouest, explorèrent l'océan Indien, et assurèrent ainsi sa domination sur une partie importante du commerce mondial. Le XIXe siècle marqua le début du déclin ottoman. Si l'empire cherche des alliés, se rapproche même de son rival russe, c'est d'abord sur les réformes internes qu'il compte pour faire face à sa crise mais aussi aux ingérences croissantes de ses rivaux européens. C'est l'époque des Tanzimat (« réorganisations »), qui commence en 1839. Istanbul tente de construire un Etat moderne, en se dotant d'un Parlement et d'une Constitution. Ces réformes feront long feu, suscitant de fortes oppositions conservatrices, alors même que les puissances extérieures grignotent l'assise territoriale de l'empire, qui sombrera avec la première guerre mondiale. La Turquie faillit même disparaître de la carte politique.