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Ecriture et photographie, l'espace intime

01 juin 2011
Numéros de page :
16 p. / p. 306-321
Parce qu'il a la réputation d'écrire une oeuvre située sur un territoire aussi peu connu que minuscule, Jean-Loup Trassard, né en 1933, est cet écrivain que l'on se plaît à qualifier de mayennais. Remarqué et encouragé pourtant par Jean Paulhan et Georges Lambrichs, il publie dès le début des années soixante chez Gallimard essentiellement des récits dont beaucoup, selon Jean-Pierre Richard, s'organisent autour d'une ℗ hantise régressive ®, celle d'un ℗ espace originel dans lequel le sujet rêve de retourner ®, c'est-à-dire la terre, la matière, comme équivalent à la mère (℗ Materia mater ®, in ℗ L'Etat des choses ® , Gallimard, 1990). Or, parallèlement, depuis le début des années quatre-vingt, l'écrivain agronome développe aux éditions Le Temps qu'il fait, dirigées par Georges Monti, ce que l'on pourrait nommer un nouvel espace, fait de textes et de photos cette fois. Et ce nouvel espace cultive de nouveaux jeux. Jeu au sens technique d'abord, c'est-à-dire, selon le dictionnaire, un ℗ espace nécessaire au mouvement de deux pièces ®, où l'espace en question désigne la nature de la relation unissant dans le volume l'écrit et l'image. Mais jeu aussi au sens ludique, bien sûr; car tout cela amuse manifestement son auteur et lui permet de redéfinir dans une large mesure les frontières d'un territoire qu'il arpente depuis son enfance. Jean-Loup Trassard s'était déjà entretenu avec Jean-Baptiste Para pour ℗ Europe ® (n7-78, novembre-décembre 1994) sur la vie rurale et l'importance de la langue, mais il fallait revenir sur les nouvelles dispositions qui sont celles de l'auteur. Disposition du texte et de l'image, d'abord, et dispositions thymiques, est-on tenté de dire, tant on a l'impression que cette oeuvre s'en trouve comme relancée...