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Emmanuel Levinas

01 novembre 2011
Numéros de page :
314 p. / p. 3-316
Né en Lituanie, Emmanuel Levinas (1906-1995) est l'un des penseurs les plus influents de notre temps. Après ses études à Strasbourg, où il fut le condisciple de Maurice Blanchot. il suivit en 1927-1928 les cours de Husserl et de Heidegger à Fribourg. Si Levinas s'inscrit dans le sillage de la phénoménologie husserlienne, son chemin de pensée n'est pas celui d'un épigone, mais ouvre au contraire des horizons nouveaux en articulant le concret phénoménologique de la vie et la rigueur éthique de l'altérité. En se montrant soucieux de « rechercher l'intrigue humaine ou interhumaine comme le tissu de l'intelligibilité ultime », Levinas a rompu sans retour avec les visées omni-compréhensives « d'une philosophie de l'unité et de la totalité de l'Etre appelé Esprit », c'est-à-dire avec le système clos de la Totalité où tout rapport est saisi en termes de avoir ou de pouvoir. En rupture avec la tradition venue de l'idéalisme, Levinas participe de ce que Franz Rosenzweig appelait la « nouvelle pensée » : pensée nouvelle en ce qu'elle fait droit à ce que la pensée traditionnelle tenait à l'extérieur d'elle-même. Et là où la tradition philosophique tendait à réduire l'autre au même, nous voyons l'écriture de Levinas travailler à ouvrir des brèches dans le corps de la totalité telles que le philosophe, surmontant son allergie à l'autre, puisse. à l'inverse de la tradition, l'accueillir; le laisser surgir. Des percées d'extériorité... Là où la tradition déduisait l'éthique de la connaissance ou de la Raison, on rencontre chez Levinas une conception renouvelée, voire révolutionnaire de l'éthique Loin de prendre son origine dans un universel, dans la compréhension ou la connaissance, l'éthique apparaît dans la relation spécifique où le Je rencontre le Tu. Cela dit, lire Levinas aujourd'hui nous engage à résister à la banalisation et à l'idéologisation de sa pensée qui conduit à voir en lui le penseur du « to